Une vie donnée, ça vaut le coup !

Marylène de France

Toi tu dirais quoi ?

« Si ma vie était une lumière ce serait quoi ? dans quels lieux ? Quelles lumières tu vois dans ta vie ?

Dans ma vie donnée de Sœur du Prado, célibataire, sans mari ni enfants, comment je vis cette parole du père Chevrier aux premières sœurs : Soyez des pères et des mères pour eux ?

Quelle maternité fécondité j’ai vécu ?

La lumière est plus forte que la nuit.

Il y a une joie profonde de vivre ce choix la joie d’être au Christ.


Je dirais quoi ? Je dirai : ouverture patience écoute

 

Ouverture voilà le mot qui serait lumière car j’ai eu à changer plusieurs fois de lieux de communauté et à chercher du travail. Attachée au monde rural, au début j’ai trouvé un emploi de secrétaire comptable dans des associations à but social. Après quelques années et quelques changements, une collègue de travail m’a dit un jour : « Je trouve que tu vis une ouverture aux autres, à ceux qui sont différents de ce que tu penses ». Cette ouverture aux autres, nous sommes amenées à la vivre au sein de notre communauté par l’accueil de chacune dans sa différence, et dans nos lieux missionnaires.

En effet, souvent je considérais que ma vie de travail avec des collègues et ma vie de communauté se complétaient. L’une et l’autre étaient aussi portées dans la prière où il fallait attendre que le temps fasse son œuvre, le temps favorable pour dire les choses. En équipe comme en communauté, quand on se connait mieux c’est plus facile d’agir ensemble, une confiance peut s’établir et nous aide à avancer.

Patience. J’ai eu la chance de travailler dans une des associations du Réseau Solidarité Paysans, où je vivais une présence auprès des plus souffrants, des démunis de ce monde agricole et plus largement rural. Jésus a été ému de telle détresse. En communion avec le Christ, j’ai vécu cette écoute simple et vraie et désarmée des réalités de vie de ceux qui s’adressaient à l’association. Être là pour les écouter pour les encourager les soutenir comme font des pères et des mères auprès de leurs enfants.

Cela je l’ai vécu dans l’écoute de chacun sans jugement et dans l’écoute aussi des collègues qui eux aussi m’ont aidé dans ce rude apprentissage d’être là par une présence de soutien de ceux qui appelaient, par un appel à la patience, à la joie aussi des situations qui se font lumières : une situation financière qui s’améliore, une vie de famille qui s’apaise, une vie de relation qui s’ouvre à nouveau.

Avec les jeunes en aumônerie scolaire, c’est le début d’une ouverture pour beaucoup, ils quittent l’école primaire pour arriver au collège et ils quittent le caté pour continuer en aumônerie, un choix difficile. Accepter leur liberté quand les jeunes ne choisissent pas le chemin du sacrement de confirmation par exemple. Comme beaucoup de parents, souffrir et quand même continuer. Comme à l’exemple Olivier qui avait bien participé au parcours de confirmation avec les copains et qui au moment d’écrire la lettre n’a pas poursuivi et s’est arrêté.

Par la présence en CMR, c’est la chance d’appartenir à un mouvement ; quand on change on peut retrouver une équipe de réflexion, un lieu où il est possible de s’engager pour la mission. Là aussi la vie d’équipe est source d’ouverture aux autres, au dialogue en vérité et un réel soutien.

 

En 30 ans de vie donnée, c’est bien chaque jour dans la prière que le don se fortifie, dans la fidélité première du Christ, la prière personnelle oraison méditation travail de la Parole de Dieu et la prière communautaire qui donne de la force dans les moments difficiles, dans les moments de choix de départ, pour de nouveaux projets, pour la mission.

La fécondité de ma vie, je l’attends du Seigneur…  Le psaume (Ps32,20) : «  Nous attendons notre vie du Seigneur. »  Nous attendons de Dieu la fécondité de notre être et de notre vie, c’est lui le Christ qui nous donne de transmettre sa vie à ceux auxquels ils nous envoient.